Ça me brise le coeur....: aînés à la rue

En fin de matinée, j'ai décidé de prendre une marche avant que la neige s'intensifie trop fort ( Saguenay) et j'ai fait un peu ma routine habituelle. Arrivée autour de la bibliothèque, j'ai vu les policiers dans l'entrée avec une dame qui aurait pu être ma mère. Autour de 80 ans, frêle, articulée, mais visiblement désorganisée ou en crise de santé mentale. Elle parlait très bien, mais rien ne faisait du sens. Les policiers lui ont demandé la date du jour, l'année, et l'endroit ou elle se trouvait. Et puisqu'elle a bien répondu, ils lui ont souhaité bonne journée en l'appelant par son nom, et sont partis. J'ai eu le sentiment qu'ils la connaissaient bien, que leurs contacts avec elle étaient réguliers. Mais, néanmoins j'ai été interpellée par son âge avancé, et qu'elle avait l'air d'une petite dame qui a probablement vécu autrement dans le passé, avec une éducation.

J'ai pris mes livres, et je suis retournée à ma marche. En sortant, elle était toujours là dehors, elle regardait le grand écran dehors qui projette des vidéos, et dansait un peu, à la place du citoyen. J'ai décidé d'aller lui parler, je voulais voir si je ne pouvais pas faire quelque chose pour elle. Je suis pauvre moi-même mais, je l'aurais laisser entrer chez-moi sans aucun problème pour un repas ou un café et un peu de jasette..moi qui suit seule et isolée aussi. Mais alors que je me suis dirigée vers elle, elle s'en est allée assez rapidement.

Je l'ai laisser aller, lui souhaitant dans mon coeur que sa situation s'améliore. Mais c'est un choc pour moi, sans-abris à cet âge, ça m'a bouleversée et j'ai mal feeler toute la journée. Mes parents sont sur une maigre pension, et un coup dur de la vie, ils seraient à risque, malgré que je leur donnerais ma chambre sans hésiter, et je dormirais sur le divan. Ça fait réfléchir, quand on vieillit pauvrement et seule, quand on a des problèmes en santé mentale, et qu'on voit une personne comme ça dans le déclin total. C'est pas comme si je ne savais pas que ça existait ici, mais de le voir, c'est autre chose.

Ça n'a pas été sans me rappeler d'une histoire terriblement triste que j'avais vu dans un documentaire de 2016, " God knows where i am". Une femme du nom de Linda Bishop dans le New Hampshire, après avoir eu son congé de l'institution en santé mentale qui l'a gardait depuis un an, se retrouve instantanément à la rue, sans le moindre compte à rendre à personne, à cause d'une faille dans la loi. Bipolaire et hautement psychotique, elle s'imagine que la mafia chinoise la poursuit, et trouve refuge dans une maison abandonnée durant un des pires hiver de la région. Femme ultra éduquée, mère, elle a tout perdu à cause de sa maladie. Bref, elle est morte de malnutrition et de froid dans cette maison sans eau ni électricité, seule et délirante, avec des voisins à 500 mètres qui n'ont rien vu. Elle a été là 4 mois, et s'est nourrie uniquement des pommes d'un arbre dans la cour. Elle étant en paranoïa sur tout le monde, donc...elle n'a jamais essayée d'être secourue. C'était une mort évitable, et je pense encore à elle quand je mange une pomme, sa mort à été documentée dans les journaux intime qu'elle tenait, c'est à crever le coeur de la lire.

Ici avant, on avait l'Institut Roland Saucier, que j'ai moi-même connu dans ma jeunesse. Le seul vrai endroit spécialisé qui ait existé ici. C'était un centre ou des gens vivaient à long terme, certains patients y étaient depuis 20 ans. Lors de sa fermeture, y'a eu beaucoup de drames humains et on a soudainement vu de plus en plus d'itinérants visiblement malades mentalement. Je me sens comme si y'a un abandon progressif des mesures réelles et à long terme pour ceux qui ont des besoins plus grands et complexes en santé mentale. Et ça me fait peur....